L’amour : une definition interposée

Frédéric Beigbeber nous conte l’amour comme un sentiment avec une durée limitée dans son roman ‘L’amour dure trois ans’. On pourrait se prêter au jeu en admettant que nos histoires d’amour foireuses étaient inévitablement vouées à l’échec. Personnellement, je pense que l’on rencontre des gens parce que nous acceptons de nous ouvrir à eux et que nous voulons faire ces rencontres. Au-delà de mes théories surfaites, entre le libre-arbitre et les choix à faire ou croire en la destinée, je préfère croire que nous avons toujours le contrôle. Est-ce que ça fait de moi un ‘control freak’ ? Possiblement, mais est-ce que l’amour dure trois ans ? Je ne le crois pas car l’amour est bien plus qu’un sentiment…

Après une conversation avec ma psy, je me suis posé la question : il ressemble à quoi l’amour ? Comment peut-on le définir ? L’amour se définit comme un sentiment vif qui pousse à aimer, à vouloir du bien, à aider en s’identifiant plus ou moins. C’est ce que dit Le Petit Robert et il semblerait qu’il n’a pas eu le cœur brisé, le gars. De façon plus vaste, chacun le définit par ses désirs et ses attentes, en le cherchant en l’autre. Vous me direz alors pourquoi autant de cœurs brisés et de malheureux en amour ? Parce que les schémas du passé continuent toujours à définir ceux de l’avenir. Une personne répète donc les mêmes schémas dans plusieurs relations, c’est ce que l’on pourrait comprendre ici à travers la psychologie. On a une idée en tête de ce qu’est vraiment l’amour, mais les expériences vécues altèrent la vision. Pour bien le comprendre, je vais le prendre d’un angle plus humain et vous raconter ce qui a changé après une conversation avec ma psy. 

Dans cet angle assez personnel, je le prends comme l’écrivain que je suis. Ce qui me pousse vers l’origine du mot Amour, car tous les mots que nous utilisons au quotidien ont leur étymologie. Les Grecs ont 4 mots distincts pour définir l’amour : Agapé, amour universel ; Philia, l’amitié, la recherche du bien commun et l’altruisme ; Storgé, l’amour fraternel, loyal, amical et engagé ; et Eros, la passion et l’érotisme. Les Grecs antiques voulaient définir ce sentiment si complexe avec plusieurs mots pour chaque type d’amour. Les 4 types d’amour décrits sont liés, l’un n’existe pas sans l’autre. Oui, dans une relation amoureuse, il y a Eros, mais aussi l’engagement, Storge, et aussi Philia, car vous cherchez toujours le bien commun dans une relation amoureuse saine. Eh oui ! Les relations doivent être saines, parce que toxique n’a jamais été sexy, désolé pour vous ! Cela peut ressembler à du charabia, mais y a une certaine vérité lorsque nous sommes en quête d’amour. L’amour n’est que vérité après tout.

Nous passons tous par des situations où nous questionnons nos propres principes, notre style de vie, ou encore notre façon de manger, c’est tout à fait normal. D’ailleurs, nous le voyons lorsque nous prenons quelques kilos en trop et que l’on veut absolument les perdre. Mais lorsqu’il s’agit de nous, et de nos relations, difficile de se mettre au régime. Il faut pour cela apprendre à se connaître vraiment. Cessons de nous mentir, car rien ne cloche avec nous ou avec les autres sauf que souvent, on répète ce que nous avons vu et vécu. Une histoire racontée par ma psy et m’ayant frappé, c’est celle d’une femme subissant les abus de son mari. Lorsque la psy lui demanda comment elle définissait l’amour, elle n’avait aucun problème à parler et à faire sortir sa définition de l’amour. Chaque personne a une pensée forte lorsque l’on évoque ce mot. Néanmoins, l’amour n’est pas une personne, mais les expériences qui font qu’une personne se sente aimée.

Lorsque la personne eût fini de décrire comment elle voyait l’amour et sa définition, elle se rendit alors compte que les actions de son mari étaient contraires à ce qu’elle pouvait définir en elle. On dit que les actions valent plus que les mots, mais avec l’amour les deux sont flous parfois dans notre tête. L’amour se trouve en nous, et est une expression de qui nous sommes. Une personne blessée exprimera sa blessure tout comme une personne joyeuse exprimera sa joie. Alors c’est aussi simple que cela ? Non ! Parce que cela coûte beaucoup d’aimer… Dans mes autres œuvres, je parle de ce sentiment, de cet état et de choix qu’est l’amour en forme de poésie. Mes poèmes se sont souvent révélés contradictoires, parce que mon choix n’était pas fait. En même temps, c’était difficile, car tout était contre moi. Calmez-vous, je ne vais pas vous raconter ma vie non plus. Enfin un tout petit peu… Je pense que l’on devrait plus prendre l’amour comme un choix que l’on fait. Un choix souvent difficile, car c’est aussi se dénuder et se revêtir de vérité et d’honnêteté.

Alors est-ce que l’amour est difficile ? Bah non ! Mais cela ne veut pas dire que c’est facile. Après tous ces bla-bla, comment allons-nous définir l’amour ? Je dirais que c’est un choix que l’on fait pour nous. De nous aimer et d’être honnête et vrai envers l’autre. Mes relations n’ont pas toujours été très glamour par moment, parce que je ne suis pas parfait, et personne ne l’est. J’ai appris à être moi et faire ce que j’aime sans que cela soit défini par l’autre personne. Si c’est l’autre qui définit mes choix et mon être, c’est mort ! Il faut se voir de ses propres yeux et non pas à travers les yeux de l’autre. Oui, l’amour, c’est beau, mais donne aussi une vision parfois étonnée de l’autre. On met l’autre sur un piédestal et quand la réalité nous rattrape, c’est la rupture assurée. 

Une amie après une rupture m’a dit : “J’ai fait tout ce que je pouvais faire, mais si on continue à être rejeté, un jour, il faut prendre la décision de s’éloigner et de se respecter à juste titre.” On ressent le rejet quand l’autre a été mis sur un piédestal et la chute fait mal, c’est le rejet. Parce qu’on donne l’autre trop d’importance.

“Il aime les cheveux longs, j’aime les cheveux courts, alors je les ai coupés après tant d’années, c’est une façon pour moi de dire, je me suis remise de toi maintenant. Quand j’ai pris mes cheveux longs et les ai jetés à la poubelle, j’ai dit ‘maintenant, c’est fini’ et j’ai refermé mon passé”, a-t-elle aussi balancé. C’est là qu’elle a pris conscience qu’elle subissait et ne vivait pas. On pourrait croire que l’amour a une définition interposée. La première partie serait de savoir comment aimer l’autre, savoir que nous pouvons aimer et savoir doser le tout. Souvent, on aime sans mesure alors que justement, l’amour se vit sur le long terme et il faut souvent savoir doser l’amour et le faire durer. Pourquoi pas faire durer un peu de mystère aussi ? Fort de mon expérience, je pense que c’est ce qui a marché pour moi. Maintenant cela dépend de la personnalité chaque personne a des besoins relationnels uniques. “Certains couples sont fusionnels et d’autres complémentaires tout en ayant chacun leur propre espace”, m’a fait comprendre une grande amie.

La deuxième partie de la définition serait : comment on aimerait être traité par la personne que l’on choisit d’aimer. Ce sont après tout deux personnes qui veulent se compléter et qui à un moment donné se sont croisées dans des circonstances uniques. Lorsque j’ai dit que l’on choisissait qui on aime, cela veut aussi dire que l’on choisit comment être traité. Je pense que l’amour est proportionnel au respect. Pour moi le respect et l’honnêteté sont primordiaux dans une relation et c’est justement parce que j’en ai manqué que c’est devenu une base. 

La personne qui nous complète, on la rencontre et on en tombe amoureux. Peut-être que le destin y est pour quelque chose. La personne rationnelle et logique que je suis dirait qu’elle ne croit pas au destin, mais j’aime quelques fois avoir la foi et me laisser guider par la vie… Alors finalement l’amour avec un grand A ? Il dure aussi longtemps que la définition que nous lui donnons ; trois ans ou toute une vie… 

Dans dix ans, ma définition aura certainement changé et cela ne veut pas dire que ce que je comprends aujourd’hui n’a aucun sens, mais seulement que j’aurais évolué. Ce n’est ici que ma vision et chacun a sa propre façon de voir l’amour. Une chose est sûre ; pour aimer, il faut s’aimer et s’accepter avant tout. Ensuite, les autres pourront comprendre comment nous aimer.