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Cinq fruits et légumes par jour : Légende urbaine ?

Covid-19 ou pas. Il faut savoir s’alimenter correctement. les packs de bière, c’est bien, mais les fruits et légumes sont mieux. Alors? Est-ce que manger cinq fruits et légumes par jour serait difficile par les temps qui courent?

Covid-19: faut-il changer nos habitudes alimentaires ?

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A mesure que les rayons se vident, certains se demandent comment consommer des repas équilibrés.

«Mo’nn vini pou aster komision parski pa kone ki pou arive ek sa maladi-la, non?» lance Jacqueline. Comme elle, bon nombre de Mauriciens se sont rués sur les supermarchés hier, jeudi 19 mars, suivant l’annonce des cas de coronavirus à Maurice, pour acheter tout et n’importe quoi. Avec les rayons qui se vident en un clin d’œil, beaucoup se demandent comment se procurer une variété d’aliments permettant de faire des repas équilibrés. D’où la question : devons-nous revoir nos habitudes alimentaires et nos réflexes d’achat en ces temps difficiles ? 

Riz, farine, lait, pâtes, conserves, saucisses, burgers, nuggets, entre autres, s’entassent dans les caddies au supermarché. Le phénomène de panic est tel que le ministre du Commerce a imposé un rationnement les denrées de base et produits d’hygiène. Or, la nutritionniste Ourvashi Sungkoora Ubhee explique que, Covid-19 ou pas, «les gens doivent réaliser qu’ils faut manger sainement». Le souci, c’est que les Mauriciens dérogent toujours à la règle. Le réflexe est d’acheter féculents, pâtes, farine, riz, entre autres. Ces aliments doivent être accompagnés par des produits frais, fait comprendre la nutritionniste. «Il faut privilégier les légumes et les fruits frais afin de renforcer notre système immunitaire», indique-t-elle. Un plat équilibré inclut «des légumes et de la salade pour plus de vitamine C». Ourvashi Sungkoora Ubhee met, en effet, l’accent, lors d’une telle pandémie, de consommer plus de vitamine C.

L’idée d’Ourvashi Sungkoora Ubhee est de retourner vers les anciens procédés comme ceux que nos grands-parents adoptaient à l’époque. Il est mieux de «consommer des légumes du potager, tout comme l’a préconisé le ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin, dans son allocution à la presse le 18 mars (voir plus loin)». La nutritionniste suggère, pour booster notre métabolisme, d’utiliser les remèdes de grand-mère comme les tisanes et les infusions à base de citronnelle et de menthe pour réchauffer notre corps.

Savoir gérer les stocks de nourriture

Il faut, selon elle, «savoir utiliser ce qu’on achète et savoir gérer les stocks du nourriture», sinon cela donnera lieu à du gaspillage. Elle conseille aussi de préparer «des repas qui ne sont pas très copieux». Maurice étant en confinement national pour deux semaines, cela se traduira par moins d’activités physiques et les calories brûleront moins vite.

Le panic buying s’est également traduit en l’achat d’une tonne de boîtes de conserve. Pour la nutritionniste, «il faut savoir combiner les produits et agrémenter les conserves avec des produits frais afin d’avoir une nourriture équilibrée». Il est vrai aussi que le citoyen lambda ne pourra pas se permettre d’acheter du poulet frais tous les jours. Toutefois, il pourra concocter des petits plats simples et équilibrés avec des aliments frais. 

Le Covid-19 est venu remettre en question notre hygiène de vie, notamment la façon dont nous nous alimentons. «Il faut manger sainement», nous conseille Ourvashi Sungkoora Ubhee, et à fortiori lors d’une pandémie, car les plus vulnérables sont ceux ayant des complications de santé.

Maneesh Gobin: «Assurer la sécurité alimentaire du pays» 

«Il faut cultiver notre terre davantage. Le pays doit s’unir pour contrer cette crise. Ce n’est pas la peine de se ruer sur les supermarchés pour du ‘panic shopping’.» Déclaration du ministre de l’Agro-Industrie, Maneesh Gobin, mercredi 18 mars lors d’une réunion avec les planteurs et les «Big Land Owners» des secteurs privé et public, entre autres. Selon lui, les supermarchés ne sont pas la solution. «Nous devons produire localement ce que nous pouvons produire chez nous au lieu d’importer. Et nous devons en produire pour nourrir notre population. C’est ça l’essentiel», a-t-il martelé.

Le ministre de l’agro-industrie est allé plus loin. Les Mauriciens doivent, dit-il, non seulement produire des légumes, mais aussi de la viande de cerf. «Il y a des propositions, alors si besoin est, nous allons amender la loi et l’Etat s’engagera à prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité alimentaire. D’ailleurs, l’Irrigation Authority collaborera aussi pour fournir l’eau à ceux qui feront des plantations», devait-il expliquer.

L’AMB appelé à devenir un «big purchaser»
des produits agricoles locaux

Nous sommes dans une situation d’urgence et il faut agir rapidement ; «c’est chagrinant qu’un pays comme la nôtre ait des terres à l’abandon», a fait remarquer Maneesh Gobin. Avant de lancer un appel aux planteurs pour qu’ils cultivent leurs terres. Il est prévu que le Food and Agricultural Research and Extension Institute  établisse une liste de produits qu’il faut planter et la période propice à la plantation. L’Agricultural Marketing Board sera appelé à devenir un «big purchaser» des produits des agriculteurs mauriciens. Le ministre de l’Agro-industrie espère ainsi offrir aux planteurs un marché garanti. Ce qui devrait les encourager et booster la production.

Parmi les «Big Land Owners» des secteurs privé et public, Thierry Sauzier, le CEO du groupe Médine. «Nous sommes conscients que c’est important de s’assurer que nous ayons de quoi manger. Nous devons être solidaires, que ce soit les petits ou grands planteurs, pour que nous puissions remettre en question notre modèle. Nous pourrions planter des légumes afin de satisfaire la population.» Au niveau du groupe Médine, l’option d’augmenter la production est à l’étude. 
Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’agriculture de Maurice, abonde dans le même sens. L’objectif, dit-elle, est de produire davantage pour le marché local. «C’est un élan national et nous devons en profiter pour démontrer que nous avons la capacité de produire des produits locaux de bonne qualité et que nous ne comptons plus sur les importations.» Quant à la production de viande de cerf, Jacqueline Sauzier avance qu’il s’agit de faire en sorte que celle-ci soit disponible tout au long de l’année et pas juste en période de chasse. 

Disponible aussi sur : http://www.zordi.mu/societe/covid-19-faut-il-changer-nos-habitudes-alimentaires/ Par Yamini Putchay et Michael Iyasawmy